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Dolomites : Un péage sauvage pour lutter contre le surtourisme

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Quand les agriculteurs des Dolomites s’improvisent percepteurs pour sauver leurs alpages

Le surtourisme est un mal qui touche de plus en plus de joyaux naturels. Dans les Dolomites italiennes, au cœur du Val Gardena, quatre agriculteurs ont décidé de prendre le problème à bras le corps. Lassés de voir leurs terrains privés dégradés par un afflux massif de randonneurs, ils ont installé un péage de 5 € sur un sentier menant à des panoramas prisés. Une initiative audacieuse, sans autorisation officielle, qui interroge sur la régulation du tourisme dans les sites naturels.


Un paysage de carte postale devenu victime de son succès

Longtemps prisées par les alpinistes, les Dolomites ont vu leur fréquentation exploser ces dernières années, propulsée par les réseaux sociaux comme Instagram et TikTok. Des sommets spectaculaires de Seceda aux célèbres Tre Cime di Lavaredo (Drei Zinnen), les panoramas se sont transformés en véritable terrain de jeu pour influenceurs et chasseurs de selfies.

Cette popularité fulgurante a des conséquences désastreuses pour l’environnement. Les sentiers et pâturages, non conçus pour supporter un tel trafic, se dégradent rapidement. Les randonneurs piétinent la flore, laissent leurs déchets derrière eux et s’aventurent sur des terrains privés, causant des nuisances aux agriculteurs et à leurs bêtes. Les autorités locales, face à ce déferlement, peinent à trouver des solutions efficaces.


Un péage « fait maison » pour alerter les pouvoirs publics

C’est dans ce contexte de tension qu’un groupe de quatre agriculteurs a décidé de passer à l’action. Début août, ils ont érigé un tourniquet sur un sentier très fréquenté, rendant l’accès à certaines parties de leurs propriétés privées payant. Pour 5 €, les randonneurs peuvent franchir le passage et continuer leur chemin vers les somptueuses vues de la région. Pour ceux qui ne souhaitent pas payer, des alternatives, plus longues, existent en contournant la zone privée.

Ce geste, loin d’être un simple coup de tête, est une véritable alerte citoyenne. En instaurant ce péage sans autorisation, les agriculteurs cherchent à attirer l’attention sur le manque de mesures concrètes pour protéger leurs terres et réguler la foule. Ils dénoncent ainsi l’inaction des autorités, qu’ils estiment responsables de la situation.


Le flou juridique et la confusion des autorités

L’initiative des agriculteurs a créé une situation délicate. Les autorités locales, la mairie et la province, se renvoient la balle concernant la légalité du péage. S’agissant d’une zone protégée, la réglementation italienne exige une autorisation administrative pour de telles mesures. Or, les agriculteurs n’en ont aucune.

Pour l’heure, aucune sanction n’a été prise, et une réunion est prévue pour tenter de trouver une issue à ce conflit. En attendant, les offices de tourisme et les gardes forestiers tentent de canaliser les flux de visiteurs et de les informer sur les différents sentiers. Ironiquement, le péage n’a pas suffi à dissuader les touristes, et de longues files d’attente se sont formées devant le tourniquet.

Voyager en sécurité


Quel avenir pour le tourisme durable dans les Dolomites ?

Cette affaire soulève une question fondamentale : comment concilier le développement du tourisme avec la préservation des sites naturels d’exception ? Le cas des Dolomites n’est pas isolé. De l’Islande aux Calanques de Marseille, de nombreux sites emblématiques sont confrontés au même défi.

Plusieurs pistes sont envisagées pour l’avenir : la mise en place de péages légaux, l’instauration de quotas de visiteurs journaliers, le développement d’itinéraires alternatifs pour désengorger les sentiers les plus populaires, et une meilleure sensibilisation des touristes aux enjeux environnementaux. L’initiative des agriculteurs du Val Gardena, bien que controversée, a le mérite de mettre en lumière l’urgence d’agir. L’équilibre entre la découverte des splendeurs naturelles et leur protection durable est un défi que nous devons relever collectivement.

Quelles mesures, selon vous, seraient les plus efficaces pour préserver des sites comme les Dolomites du surtourisme ?